Saturday, June 10, 2006

Le conte et l'atout de la proximité

L’intervention se présente comme un conte et se déroule dans les classes.

Le conte offre la possibilité d’une approche ludique, poétique et joyeuse de l’histoire du théâtre. La comédienne dialogue, tout à la fois avec les élèves, avec les personnages qu’elle incarne à tour de rôle et avec un personnage invisible, Dionysos. Afin d’accentuer la dimension du conte, la narratrice passe sans cesse de la première à la troisième personne pour parler d’elle-même. Cette forme narrative singulière a une fonction poétique mais elle invite également à une réflexion sur le rapport entre « acteur » et « personnage ». Qui est ce « je » qui dit « moi » dans une pièce de théâtre ?

La forme du conte permet une interaction permanente avec le public. Les élèves sont ainsi invités à être actifs tout au long de la représentation. Le dialogue entre la conteuse et les élèves est, à chaque fois, singulier puisque leurs commentaires, leurs réactions et leurs réponses aux questions de la comédienne peuvent être repris dans le spectacle.

Le conte invite également à développer son imagination. Rien n’est vraiment donné à voir. Tout est suggéré par la parole, le costume, le chant et la mise en espace. Or, la faculté d’imaginer est, selon nous, indissociable de la possibilité de réfléchir, de changer, voire d’aimer le monde qui nous entoure. Car un monde où on ne pourrait rien changer serait un monde mort, triste, inintéressant.

Cette radicalité permet aux élèves de saisir l’une des singularités du théâtre : son pouvoir de faire surgir un univers entier à partir de rien. Comme le spectacle se déroule dans les classes, un lieu qui leur est familier, surgit cette autre puissance du théâtre : celle de rendre le familier insolite.

Enfin, nous pensons qu’être spectateur de théâtre est une chose qui peut s’apprendre. Cette forme permet aux élèves de prendre conscience, dans l’intimité, de ce qu’est le travail d’un comédien et de leur rôle en tant que spectateurs. Par la proximité, ils sentent, dans l’immédiat de la représentation, quel est leur pouvoir de spectateur : imaginer mais aussi écouter, ressentir, réagir ou réfléchir.

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